ÉTAT D’ÊTRE
Je veux montrer ce que l’on tait, dire ce que l’on cache. Le corps humain interpelle directement le réel, la nudité est un sujet de vérité. La mise à nu est une révélation pour montrer ce qu’habituellement on cache. Je travaille (avec) d’autres modèles et questionne nos images, nos rôles, nos multiples facettes identitaires, nos secrets.
Mes dessins sont un aller-retour entre réalité et imagination, entre vérité et mystère. Je cherche à leur donner vie. Les outils utilisés parlent aussi. Le papier est peau. Le graphite est fragile et délicat, contrôlé et maîtrisé. L’aérosol, lui, est agressif, immédiat et aléatoire. L'eau et l’encre jouent, s'opposent ou s'associent. Les rencontres de ces médiums évoquent le contrôle et l’accident, l’écrit et l’imprévu, savoir et ne pas savoir.
Montrer c’est aussi chercher l’invisible, l’imperceptible. Pousser les noirs au maximum de l’illisible et laisser une luminosité pour comprendre. Chercher à comprendre. (série SEMBLANT) Imperceptible mais présent, anonyme mais représentés, des portraits sont invisibles, à la limite de l’illisible. (série SEMBLANT 2) Les portraits sondent les méandres de l’identité, qui évolue dans le temps, toujours changeante et insaisissable, joueuse et multiple. (série DIRECTION) Avec des corps hors des stéréotypes, que l’on montre pas ou peu, j’interroge les perceptions en remettant en question nos conditionnements socio-culturels, contre les standardisations. Les supposées disgrâces corporelles sont supports et symboles de complexes ou de gènes. Où est la perfection ? Qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est bien ? (séries PERCEPTION et IDÉAL) Mes portraits masqués, maquillés, interrogent les multiples facettes de nos identités et des rôles que nous vivons au quotidien. Des visages, tous différents, portent le même masque donnant à la fois des traits communs et un caractère propre. Ces figures sont lisibles mais insaisissables. L’anonymat et l’identification se croisent, la réalité est à nouveau déstabilisée. Sous un autre angle, des visages de guerrière apparaissent, d'autant plus lorsqu'elles sont collées dans l'espace public (série FAIRE FIGURE) Le caché et le silence sont parfois plus directement présents. L’anonymat et le vide sont source d’imaginaire, de fantasmes et d’insondable. L’absence est là, au-delà de la façade. Le vide est habité ou la présence est invisible, une trace. (séries TÉMOINS et SILENCE) — M. L.
ÉQUILIBRES IMPARFAITS
Par le biais du corps, souvent nu, de la figure, je cherche, si ce n’est une vérité, à interroger ce que l’on cache ou ce que l’on ne voit pas. Et je montre des corps que l’on représente trop peu, peut-être pas assez normés. La fragilité du graphite noir et blanc sur le grain du « papier-peau » est troublée par l’agressivité couvrante et définitive de l’aérosol. Le dessin très contrôlé, à l’apparence de réalité est mis à mal par un jet de peinture aléatoire. Les supposées disgrâces du corps ainsi que les taches, sont alors symboles de complexes ou de gènes. La question de l’idéal se pose. Sur mes photographies, ces disgrâces provoquent généralement une aversion. Dans mes dessins, elles deviennent attirantes et séduisantes. Le pouvoir de la forme est encore là. La photographie est illusion, le dessin est imagination.
Au travers de mes dessins, je propose de remettre en question et de déconstruire nos conditionnements culturels, nos constructions sociales et mentales pour peut-être nous voir et nous comprendre autrement, ou encore questionner notre liberté face à ces impositions. — M. L.
ARTS À LA POINTE 2017, catalogue
L’enduit qui s’écaille découpe des fragments dans la fresque primitive où sommeillaient les corps. Tels qu’ils étaient, tels qu’ils sont et seront. Maxime Lemoyne en exhume avec délicatesse la chair innocente, la pesanteur de l’âge, la grâce onctueuse d’un bourrelet, avant de manifester son trouble par quelque graffiti rageur, par une tache impure, comme on macule ou griffonne avec un peu de jouissance (et de mauvaise conscience) le corps du mannequin sur la photo du magazine. Un lapsus gestuel pour gratter l’éternelle question du modèle (le canon !). — Yvain Bornibus
EXPOSITION DISCORDE, Le 100ecs — PARIS
Perception et Idéal sont deux séries qui se répondent, étant question du regard que l’on pose sur soi, et du regard que l’on porte sur l’autre, engendrant la construction d’un idéal corporel. Les dessins de fragments de corps semblent suivre un regard analytique, ici les fesses, ici la poitrine, ici le ventre, scrutés les uns après les autres. Un conflit s’opère entre l’apparence du corps et l’agitation psychologique des êtres. Les corps, de petits dessins au milieu de l’espace blanc du papier, se révèlent dans leur nudité et suggèrent la difficulté de s’assumer. Les jets d’aérosols colorés semblent parfois venir en aide à ces corps nus en les protégeant du regard, en les habillant. Avec un titre évoquant un « idéal » générique, Maxime Lemoyne arrive ainsi à nous renvoyer à une question fondamentale : dans quelle mesure notre société permet-elle à l’idéal et au beau, subjectifs et personnels, de s’exprimer ? — Anne Pechmeja
Interview sur le site Boumbang !
« C’est cette perception parcellaire et fascinée pour ces corps imparfaits qui questionne en creux notre obsession morbide pour la perfection et notre rapport à la beauté. » (extrait) — Marion Expert
ÉTAT D’ÊTRE
Je veux montrer ce que l’on tait, dire ce que l’on cache. Le corps humain interpelle directement le réel, la nudité est un sujet de vérité. La mise à nu est une révélation pour montrer ce qu’habituellement on cache. Je questionne nos images, nos rôles, nos multiples facettes identitaires, nos secrets.
Mes dessins sont un aller-retour entre réalité et imagination, entre vérité et mystère. Je cherche à leur donner vie. Les outils utilisés parlent aussi. Le papier est peau. Le graphite est fragile et délicat, contrôlé et maîtrisé. L’aérosol, lui, est agressif, immédiat et aléatoire. Leur rencontre évoque le contrôle et l’accident, l’écrit et l’imprévu, savoir et ne pas savoir.
Montrer c’est aussi chercher l’invisible, l’imperceptible. Pousser les noirs au maximum de l’illisible et laisser une luminosité pour comprendre. Chercher à comprendre. (série SEMBLANT) Imperceptible mais présent, anonyme mais représentés, des portraits sont invisibles, à la limite de l’illisibles. (série SEMBLANT 2) Avec des corps hors des stéréotypes, que l’on montre pas ou peu, j’interroge les perceptions en remettant en question nos conditionnements socio-culturels, contre les standardisations. Les supposées disgrâces corporelles sont supports et symboles de complexes ou de gènes. Où est la perfection ? Qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est bien ? (séries PERCEPTION et IDÉAL) Mes portraits masqués, maquillés, interrogent les multiples facettes de nos identités et des rôles que nous vivons au quotidien. Des visages, tous différents, portent le même masque donnant à la fois des traits communs et un caractère propre. Ces figures sont lisibles mais insaisissables. L’anonymat et l’identification se croisent, la réalité est à nouveau déstabilisée. (série FAIRE FIGURE) Le caché et le silence sont parfois plus directement présents. L’anonymat et le vide sont source d’imaginaire, de fantasmes et d’insondable. L’absence est là, au-delà de la façade. Le vide est habité ou la présence est invisible, une trace. (séries TÉMOINS et SILENCE) — M. L.
ÉQUILIBRES IMPARFAITS
Par le biais du corps, souvent nu, de la figure, je cherche, si ce n’est une vérité, à interroger ce que l’on cache ou ce que l’on ne voit pas. Et je montre des corps que l’on représente trop peu, peut-être pas assez normés. La fragilité du graphite noir et blanc sur le grain du « papier-peau » est troublée par l’agressivité couvrante et définitive de l’aérosol. Le dessin très contrôlé, à l’apparence de réalité est mis à mal par un jet de peinture aléatoire. Les supposées disgrâces du corps ainsi que les taches, sont alors symboles de complexes ou de gènes. La question de l’idéal se pose. Sur mes photographies, ces disgrâces provoquent généralement une aversion. Dans mes dessins, elles deviennent attirantes et séduisantes. Le pouvoir de la forme est encore là. La photographie est illusion, le dessin est imagination.
Au travers de mes dessins, je propose de remettre en question et de déconstruire nos conditionnements culturels, nos constructions sociales et mentales pour peut-être nous voir et nous comprendre autrement, ou encore questionner notre liberté face à ces impositions. — M. L.
INVISIBILITÉ VIVANTE
En avançant dans mon travail, les notions de silence et de caché et les thématiques qui s’y rapportent telles que le secret, le trouble, le vide ou l’absence, émergent de plus en plus. Le dessin a le sens du temps, trop rapide et insuffisant en photographie. Je re-dessine des photographies que je prends au préalable. J’ai alors plus de liberté de manipulation, d’interprétation et d’expression. Curieusement, comparés aux photographies, mes dessins paraissent bien plus vivants, plus réels et offrent davantage d’imaginaire.
Ma pratique du dessin est une approche plastique et picturale prise de silence. Je dessine ces silences multiples, intérieurs comme extérieurs. Ils viennent du caché, du mutisme, de l’envahissement qui paralyse, de la solitude ou de l’exclusion. Je dénude des corps que l’on cache, je « portraitise » l’anonymat, je masque les visages ou les bouches, je les trouble, je représente le vide et lui donne place.
Mais ces silences sont aussi une réaction au « brouhaha » d’images et d’informations omniprésentes et dominatrices et à la quantité d’émotions que ces excès peuvent me provoquer intellectuellement et moralement. Je n’arrive plus à lire toutes ces images, noir.
Dans les drapés — porteurs de secrets —, comme dans les anatomies, se jouent les ombres et les lumières, des noirs profonds aux clartés attirantes tout autant mystérieuses. L’imaginaire prend la place du silence quand le vide naît du brouhaha ambiant. — M. L.
ARTS À LA POINTE 2017, catalogue
L’enduit qui s’écaille découpe des fragments dans la fresque primitive où sommeillaient les corps. Tels qu’ils étaient, tels qu’ils sont et seront. Maxime Lemoyne en exhume avec délicatesse la chair innocente, la pesanteur de l’âge, la grâce onctueuse d’un bourrelet, avant de manifester son trouble par quelque graffiti rageur, par une tache impure, comme on macule ou griffonne avec un peu de jouissance (et de mauvaise conscience) le corps du mannequin sur la photo du magazine. Un lapsus gestuel pour gratter l’éternelle question du modèle (le canon !). — Yvain Bornibus
EXPOSITION DISCORDE, Le 100ecs — PARIS
Perception et Idéal sont deux séries qui se répondent, étant question du regard que l’on pose sur soi, et du regard que l’on porte sur l’autre, engendrant la construction d’un idéal corporel. Les dessins de fragments de corps semblent suivre un regard analytique, ici les fesses, ici la poitrine, ici le ventre, scrutés les uns après les autres. Un conflit s’opère entre l’apparence du corps et l’agitation psychologique des êtres. Les corps, de petits dessins au milieu de l’espace blanc du papier, se révèlent dans leur nudité et suggèrent la difficulté de s’assumer. Les jets d’aérosols colorés semblent parfois venir en aide à ces corps nus en les protégeant du regard, en les habillant. Avec un titre évoquant un « idéal » générique, Maxime Lemoyne arrive ainsi à nous renvoyer à une question fondamentale : dans quelle mesure notre société permet-elle à l’idéal et au beau, subjectifs et personnels, de s’exprimer ? — Anne Pechmeja
Interview sur le site Boumbang !
« C’est cette perception parcellaire et fascinée pour ces corps imparfaits qui questionne en creux notre obsession morbide pour la perfection et notre rapport à la beauté. » (extrait) — Marion Expert